Grains de sable
La lettre du dernier jour du mois #20
AOÛT
Fin de la parenthèse estivale !
Finis les cigales, les pans bagnats et le rosé.
Rangés les palmes et le maillot, je laisse le compost se débrouiller tout seul.
Retour dans l’arène.
Je retrouve Paris, ma ville choisie. J’ai une fringale de cinéma, de musée, de théâtre (sic), de yoga et de vous mes ami.es !
Je me faisais rire toute seule dans le bus qui me menait de la gare de Lyon à la Porte Saint Cloud (un des plus beaux trajets de bus de Paname) en prenant des photos de ma ville comme si je la découvrais.
Paris, sa vibration, sa beauté, mais Paris masqué.
Je me suis très vite remise au travail, je me suis débarrassée de l’administratif et j’ai commandé des livres à la librairie.
Pour revenir à mes séances de plages, j’ai été frappée par l’évolution des maillots de bain de petites filles : en deux mois, et à raison de 31 visites à la plage de 3 heures par séances, je n’ai vu que 2 petites filles en bikini. Les autres avaient des deux pièces ou un une pièce. C’est-à-dire que leur (comment appeler cet endroit du corps pour des petites filles pré-pubères) poitrine était couverte.
Se télescopent avec mon étude sociologique des plages trois actualités aoûtiennes :
La sortie d’un film « Mignonnes » sur l'hypersexualisation des pré-adolescentes. A voir pour trancher si la réalisatrice Maimouna Doucouré utilise ces jeunes filles pour susciter un désire pervers ou pas…
Cette image. Une autre civilisation pourra dire : « ils étaient vraiment pervers ces humains, ils rembourraient des brassières pour des petites filles de huit ans, et ça ne choquait pas grand monde..."
La question qui se pose en cette fin d’été « Seins nus sur la plage : que dit la loi ? » alors que des gendarmes ont demandé à plusieurs femmes, qui bronzaient les seins nus, de remettre leur haut de maillot de bain le jeudi 20 août.
Et pour clore le débat :
L’anniversaire du 26 août 1970, un acte symbolique d’une dizaine de féministes a marqué le début du Mouvement de libération des femmes qui a œuvré pour leurs droits. Mais le chemin est long, camarades….
PS : Sinon, je n’ai pas fait qu’observer sur la plage, j’ai aussi nagé plus de 60km. C’est vous dire combien je suis en forme !
◊ ◊ ◊
PLAISIRS
FÉMINISME
Ce n’est pas pour faire plaisir à ma petite voix préférée… Aujourd’hui je laisse voix à trois hommes (avec Camus ça fait trois) :
Arthur H – La boxeuse amoureuse
CONTRE CE MONDE DE BRUT.ES :
ET SINON, LE BOULOT ?
En même temps que je poste ma lettre j’envoie mon texte « J’ai vu deux lunes » au concours d’écriture de Sororitas, Les femmes écrivent le monde de demain.
« J’ai vu deux lunes
Et j’ai pas bu
J’ai vu deux lunes
Et t’es revenu
C’est parfois le son du vent entre les planches du jardin que je n’ai toujours pas clouées, qui claquent plus ou moins fortement. Ce n’est pas parce que je n’ai plus de clous ou parce que j’oublie où est le marteau. Non. Je les ai laissées parce qu’elles m’indiquent que c’est le vent du sud qui souffle et que la pluie ne va pas tarder. »
C’est le tout début, et on verra bien comment ces deux lunes voyageront.
Cette chansonnette m’est venue en regardant la pleine lune se refléter dans l’eau de la piscine. Aucune référence à Haruki Murakami et à son 1Q84 dont j’ignorais l’existence jusqu’à samedi…
À très bientôt.
Portez-vous bien.
Protégez votre courage pour sortir à l’aventure de la vie.
Nous ne sommes pas rendues … ou la sale impression d’être cernées
en chômage technique, tranquille, mémère.
Me reposer, recharger les batteries, faire le vide pour faire le plein.
Je me suis tenue éloignée des débats, bien sagement rangée dans le Sud.
Tout allait bien, je me gavais de tomates et d’olives,
allongeais progressivement le temps des baignades, profitais de la famille.
MAIS :
1 /« Mélancolie ouvrière » de Gérard Mordillat ressort.
Lucie Baud, je l’avais découverte en lisant « Mélancolie ouvrière » de Michelle Perrot. Je vous conseille ardemment de lire cet essai. L’historienne sort Lucie Baud de l’ombre avec brio, sans romantisme, et nous dresse le portrait d’une femme forte, révoltée, courageuse : une héroïne gommée de l’histoire.
L’adaptation en téléfilm par Gérard Mordillat prend un autre chemin…
J’avais tellement envie de l’aimer ce téléfilm lorsque je l’ai vu à sa sortie !
Mais les images de Gérard Mordillat sont dégoulinantes : je me souviens notamment de la scène où les ouvrières se baignent. J’ai pensé à des images de David Hamilton, vous dire combien le décalage est grand.
Et puis elle, la comédienne tellement loin de Lucie Baud...
Très très énervant !
J’entends une petite voix qui dit : "déjà qu’on fait le portrait d’une femme inconnue et ouvrière et féministe, tu devrais être contente..."
Ben non ! Le regard de Gérard Mordillat a tué MA Lucie Baud.
Rien à voir avoir le désenchantement habituel des adaptations de livres à l’écran. C’est bien pire, c’est encore une violence, il fait de cette combattante (et des autres ouvrières) des objets de désir.
2/ L’Ifop dévoile que 20% des Français « légitiment » une agression si les tétons de la femme victime se devinent sous son vêtement.
Je répète, pour 20 % des Français : «le fait qu’une femme laisse apparaître ses tétons sous un haut devrait être, pour son agresseur, une circonstance atténuante en cas d’agression sexuelle».
La « culture du viol » dans notre société est profonde, ancrée.
Le regard de l’homme viole, le regard de l’homme tue.
(Et toujours cette petite voix qui me chuchote : "Ne pourrait-on pas écrire plutôt « le regard de l’homme peut violer, le regard de l’homme peut tuer » ? Parce que dire « Le regard de l’homme viole » est général. Ça sous-entend que le regard de tous les hommes viole… "
Ce à quoi je réponds à ma petite voix adorée : 98% des violeurs sont des hommes...)
3/ Ce post :
J’ai pris ces quelques lignes en plein visage : « la violence de ces lesbiennes qui détestent les hommes ».
C’est une habitude pour les féministes de recevoir des insultes, et notre cuir se durcit année après année.
Mais quand même cette haine des femmes encore et toujours, me désespère, me blesse, me révolte.
Ces hommes qui portent leur masculinité comme une arme, ces regards d’hommes qui nous méprisent, nous humilient parce que nous n’en sommes pas ou parce qu’ils ne nous intéressent pas….
ÇA SUFFIT !
A la fin du mois de juillet, deux décès :
Gisèle Halimi, reconnaissance éternelle à cette femme, à sa vie de féministe :
- "Une loi n'est tolérable que si elle est tolérante."
- '' Et je dis aux Femmes trois choses, votre indépendance économique est la clé de votre libération, ne laissez rien passer dans les gestes, le langage, les situations qui attentent à votre dignité, ne vous résignez jamais. ''
- "Tout ce qui fait avancer les femmes, fait avancer la société."
- "Pour briser la clôture où l'enferme l'homme, la femme doit aussi dénoncer l'image d'elle même qu'il lui renvoie. ''
◊ ◊ ◊
Jacqueline Sauvage, condamnée en 2015 pour le meurtre de son mari violent avant d'être graciée, est morte à 72 ans.
Ces deux femmes étaient présentes dans Réparations en cours
Fanny Atlan (co-autrice) ouvrait magistralement le spectacle avec la plaidoirie de Gisèle Halimi au procès de Bobigny 1972 à Bobigny. Quant à moi, je donnais le réquisitoire de Luc Frémiot du 23 mars 2012 à la cour d’assises du Nord pour juger Alexandra Lange, 32 ans, qui comparaissait pour le meurtre de son mari, Marcelino.
◊ ◊ ◊
FÉMINISME
Une réponse qui me redonne le courage et que je me repasse en boucle….
PLAISIRS
« Faites l'aïoli, pas la guerre »
CONTRE CE MONDE DE BRUT.ES :
Longtemps, j'ai pensé que le rôle de l'artiste était de secouer le public. Aujourd'hui, je veux lui offrir sur scène ce que le monde, devenu trop dur, ne lui donne plus : des moments d'amour pur.
Pina Bausch
Pina Bausch au café Müller par Guy Delahaye
ET SINON, LE BOULOT ?
Je me suis remise à écrire pour qui, pour quoi, on verra bien plus tard…
Bises salées (et masquées)
Après la quarantaine 😷😈
Moi non plus !
Nous avons fait le dos rond, bien sagement chez nous, avec de grandes diversités : ville/campagne, maison/appartement, en famille/seul(e), entouré.e de voisins/sans voisin.es.
Nous ressortons de cette épreuve dans des états différents mais aurons-nous réellement changé.es ?
Cette question me taraudait dès le commencement, vous le savez, vous qui lisez (parfois) cette lettre.
Je ne me sens pas à l’aise avec la façon dont nous avons été infantilisé.es, sermonné.es, privé.es de liberté.
Je ne vais pas me lancer dans une étude sociologique, pourtant aujourd’hui j’ai une liste des choses qui m’ont insupportées :
- Les injonctions contradictoires : un jour sans masque, le lendemain toujours / il faut absolument voter, puis ne plus croiser personne / le télétravail ce n’est pas du boulot, le télétravail c’est la solution…
- Les éléments de langage à vomir : confinement, présentiel, réunion zoom, cluster, faire redémarrer l’économie, consommer…
- Protéger les vieilles et vieux en les enfermant à leur domicile ou dans des Ehpad, les priver de visite et les laisser mourir de solitude derrière des protections de plexiglas…
- Libérer les transports mais pas les théâtres
- Autoriser la fête de la musique, mais pas les discothèques
Pendant cette quarantaine nous aurons survécu grâce à celles et ceux qui ont travaillé la peur au ventre pour des salaires de misère.
Les êtres humains enfermés, la nature a respiré deux petits mois. Ces mêmes êtres humains se sont rendu compte que leur consommation habituelle pouvait être vertigineusement réduite : « C’est dingue les économies que j’ai faites ! »
Je ne vais pas faire ma mauvaise tête : je suis heureuse de retourner au marché et revoir la productrice pour lui acheter ses salades et ses fraises. Je suis ravie des pivoines qui embaument mon salon, ravie aussi de prendre le métro (et oui c’est possible) pour voir mes ami.es et partager des séances de yoga. Je suis heureuse d’être partie en train en Vendée et bientôt dans le sud, tellement heureuse de retrouver ma famille !
Comme une guerrière je vais reprendre le combat, même si le vide est le pire de mes ennemis :
« À la recherche de sa deuxième chaussure,
Le sel jeté au sol,
Ça pique, ça gratte.
Se perdre, se noyer presque.
Et revenir, plus forte, plus pleine et mordre toujours. »
Mais avant tout… VACANCES !!!
PS : désolée pour les liens qui apparaissent à tord ; l'automatisation n'aime pas l'écriture inclusive...
« Ce que je suis en réalité demeure inconnu »
PLAISIRS
Vous vous souvenez de ce souhait du Président. Que le monde du spectacle enfourche le tigre (sic) et travaille dans le milieu scolaire (re-sic) ?
Ce reportage enthousiasment suit quinze élèves du Lycée Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles qui se lancent dans l'aventure artistique que leur propose Joëlle Gayot, passant de spectateurs à comédiens et de critiques à metteurs en scène.
ZOUC pour toujours !
Un plaisir un peu coupable et du coup délicieux de lire cet article de Titiou Lecoq
Pour ma part j'ai été ravie de relire mes polars plutôt que d'en commander via Amazon...
Je me suis lovée dans un pull que j'aurai dû jeter depuis longtemps parce qu'il ne me rappelait pas que de bons souvenirs : mais qu'il était doux !
Contente d'avoir retrouvé de vieux magazines pour de belles tentatives de collages.
Et si Marie Kondo avec sa méthode prônait la consommation en fait ?
Si son goût pour la perfection, tellement aseptisé, cachait un tel besoin de contrôle que son humanité se perdait, comme celle de de ses ouailles ?
Bref, je retourne à mes belles vieilleries....
FÉMINISME
30 mn fortes et radicales chez les Black Panthers. Pourquoi c’est féministe ? Parce que c’est Agnès Varda qui filme
Trois célibataires chinoises dans un pays qui enjoint les femmes à se marier jeunes, sous peine d’être rejetées par leur famille et stigmatisées par l’État.
CONTRE CE MONDE DE BRUT.ES :
Mon film fétiche, Le festin de Babette, avec la magistrale Stéphane Audran
Ce film, je l’ai montré à mon fils alors qu’il était petit (et presque super actif) et pourtant le charme a aussi opéré sur lui. Il faut dire que tout y est pour nos goûts : Babette qui fuit la répression qui s’abat sur la Commune de Paris, la côte danoise et Stéphane Audran en cuisinière rayonnante qui orchestre un époustouflant banquet.
ET SINON, LE BOULOT ?
Sur le site de COME PROD nous avions déjà un onglet proposant des représentations hors théâtre : à domicile, en entreprises, dans toutes les écoles (à partir du collège tout de même, il faudrait peut-être que je songe à un format pour les primaires -:))
Depuis quelques jours Virginie D est invitée sur ce site.
Il est évident que nous devons trouver des solutions pour continuer de faire des spectacles, de nous rassembler pour vibrer ensemble et échanger.
C’est dans cette optique que le spectacle sera en ligne le 3 juillet ici
Ce site a été créé pour tenter de donner une visibilité aux compagnies qui devaient « faire » le festival d’Avignon auprès de professionnels et du public.
À suivre…
Merci de vos remarques, soutiens, suggestions. C’est chaque fois un réel bonheur de recevoir un signe de votre part. C’est aussi très motivant.
Bel été !
Prenez soin de vous.

C'est le dernier collage de la série "quarantaine" : choisir le désir...
La vie est un rêve…merci Virginia !
MAI
Je ne pensais pas déclencher un tel enthousiasme avec Colette Magny, et j’en suis ravie.
Comme quoi je fais parfois des choses, les dessinant, les pesant, et j’espère avoir des retours, et il ne se passe rien… ou pas grand-chose…
Et parfois un geste lancé avec une presqu’insouciance, et quelque chose arrive.
Les jours filent, et je me refuse de penser « normalement je ferai ça ». Pour être juste, lorsque cela m’arrive, je ne me laisse pas embarquer dans des pensées qui n’existent pas. Même si des traces sur mon planning me le rappellent. Même si les martinets me crient le sud, je reviens dans mon présent.
Quitte à me confronter au vide.
Je lis, je cherche, je reste aux aguets, car il est aussi possible dans ces périodes tourmentées que du nouveau pointe le bout du nez. Vous voyez : je suis désespérément optimiste : « La vie est un rêve, c’est le réveil qui nous tue » Virginia Woolf.
Même si les rayons de lumières sont fugaces, je reste à l’affût de leurs traits.
Je fais alors une liste de personnes qui me semblent avoir une même vision que moi, une vision collective, écologique, égalitaire. Comme nous sommes encore très immobilisé.es, je tente, via les réseaux, de repérer puis d’aller à la rencontre de nouvelles personnes.
Et puis je fais beaucoup de yoga. Là aussi je cherche à me diversifier, visiter de nouvelles postures et de nouvelles pratiques. Et vraiment cela calme mon mental : j’arrive à mettre de côté ce qui n’existe pas (ou plus). Je ne m’y accroche pas et je trouve de la stabilité et de l’espace.
Voilà mon programme pour l’instant : rester debout, à l’affût.
Tellement difficile de savoir comment sera la vie d’après. Même si, avec l’autorisation d’ouverture pour le Puy du Fou, on sent bien que ce sera pareil… en pire.
Je sais je me répète un peu.
Donc ce fameux Puy du Fou qui chante l’histoire guerrière, blanche, masculine pourra continuer tranquillement d’essaimer ses idéaux anti-avortement, anti-euthanasie (les subventions aux associations qui travaillent dans ce sens sont supprimées).
Difficile de savoir, alors que les parcs et les jardins ouvrent au compte-gouttes à Paris. Et du coup, où vont les gens ? (enfin ceux qui ne sont pas à la campagne, ou dans leur grand appartement avec terrasse…)
Ils vont marcher sur les quais ! Oui, ils sont dehors, et bloquent la circulation pour ceux qui vont sur leur lieu de travail à vélo (étrange, étrange : ils ont parfois aussi un grand appartement avec terrasse…)
Mais que font ces gens à pied, il serait quand même temps qu’on les remette au boulot non ? Il serait quand même temps qu’on commence à travailler pour rembourser la dette !
« La vie est un rêve, c’est le réveil qui nous tue ». Merci Virginia !

◊ ◊ ◊
PLAISIRS
Geneviève Brisac, est écrivaine. Dans cette émission elle parle avec beaucoup de chaleur et de gourmandise de Virginia Woolf. La Virginia qui m’inspire et me guide avec tant d’humour « La vie est un rêve, c’est le réveil qui nous tue »

FÉMINISME
La bombe ! Je suis en train de la lire.
Un long (et pas ennuyeux) récit d’une jeune femme violée. En Australie. Comme elle est française elle arrive très bien à discerner le traitement de ces affaires dans les deux pays. Les différences sont abyssales !
Le style est comme je l’aime, sans pathos, brut, clair :
« Je suis devenue sauvage dans le sens où je ne peux plus faire semblant que tout le monde est mon pote. Depuis les Mexicains, il y a ceux qui sont avec moi et le reste. Ceux qui ont réussi à connecter leurs trois neurones et qui sont présents, tout en sachant qu'ils ne pourront jamais vraiment comprendre ce qu'il se passe dans ma tête (moi-même je comprends pas), et le reste. Ceux qui ont compris que tout avait changé et le reste. »
Oui, ils existent, et pas qu’aux États-Unis : des hommes qui veulent faire sécession avec les femmes….
Sinon enfin une application utile : Maydée. C’est l’application dont l’objectif est de faire de la répartition des tâches ménagères un sujet aussi important que celui des féminicides.
Ce n’est pas moi qui vais vous dire le contraire :
« J’ai 53 ans, so what, je ne suis pas à jeter »
Et puisqu’on a encore le temps :
D'Agnès Varda à Céline Sciamma, 6 portraits de femmes cinéastes
CONTRE CE MONDE DE BRUT.ES :
Partie tôt - Pris mon chien -
Et rendu visite à la Mer -
Les Sirènes logées en Bas
Sont sorties pour me regarder -
Et les Gallions - au Premier Étage
M'ont tendu des Mains de Chanvre -
Me prenant pour une Souris -
Échouée - sur les Sables -
Dérangée par Personne - avant que le Flot
N'ait trempé ma simple Chaussure -
Et puis mon Tablier - et puis ma Ceinture
Et puis mon Corsage - aussi -
Emily Dickinson, poème extrait du recueil Le Paradis est au choix
ET SINON, LE BOULOT ?
J’ai pris une bonne décision : je n’écrirais plus de spectacles féministes.
Pourquoi ?
Parce que !!!
À suivre…
Prenez soin de vous.

Sortir de sa grotte pour le chant des martinets ?
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Confinement de création, ou pas ?
et vous dont je ne connais la profession.
Je pense à vous qui soignez. Je vous parle de suite car j’imagine
que vous n’irez pas loin dans cette lettre. Courage !
Même si ces pensées ne pèsent pas lourds face aux drames.
Sachez qu’elles sont bien là, à vos côtés.
Sinon :
Je n’ai pas besoin d’être avec une copine sur skype pour me prendre un apéro.
Je suis certaine que beaucoup de personnes vont moins se laver puisqu’elles restent chez elles.
Je pense aussi aux personnes qui ont du mal à se supporter, seule, ou avec les autres qui partagent leur toit.
Je n’ai pas envie d’apprendre le russe, ni d’écrire mon prochain spectacle.
J’ai décidé de me lâcher la grappe… euh… la chatte, la chatte sur un toit brûlant !
Il me reste toujours que des mains gauches en gants de ménage…toujours !
Je rentre du marché, deux hommes parlent à 1 mètre de distance : « Merde, il est confiné avec sa femme ? » Pourquoi Ducon, tu pensais que ce serait avec sa maîtresse ?
20 h : MERDE ! Arrêtez la marseillaise ! On ne s’entend plus applaudir.
Ne vous inquiétez pas…tout va redevenir comme avant. En pire !
Je n’ai pas le courage d’aller au bout de ma déprime.
Dans la même journée : je me suis bourrée la gueule sur skype et fais du yoga (toujours sur skype) ….je vous laisse devinez l’ordre !
Bref : Le confinement n'est pas une résidence de création
J’aurai aimé écrire cela
et surtout, surtout, n’oubliez jamais
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PLAISIRS
J'ai découvert, quand elle est venue à me manquer que l'affection m'étais nécessaire et que, comme l'air, on le respire sans le sentir.
Fernando Pessöa
Lire en ligne Chez soi de Mona Chollet
Le changement dans la façon d’habiter est temporel autant que spatial : les heures passées en ligne tendent à aplanir, à uniformiser le temps. Les journées où je n’ai pas réussi à m’arracher assez tôt à l’écran me paraissent plus courtes, comme si on me les avait volées. Je ne me détends plus aussi bien qu’à l’époque où je me laissais aller entre les bras de l’appartement, où je me laissais porter d’une pièce à l’autre en profitant des possibilités offertes par chacune, et où les rituels des jours de congé sculptaient le temps, l’organisaient, lui donnaient une profondeur, une sensorialité. Je n’ai plus cette impression, quand vient le moment de ressortir dans le monde, d’avoir été ailleurs, retranchée, inatteignable. Internet rend plus rare cette impression de dépaysement réparateur et enrichissant que les casaniers éprouvent dans leur propre intérieur.
Revoir : MOLIÈRE ou la vie d'un honnête homme (1978)
Film écrit et mis en scène par Ariane Mnouchkine avec le Théâtre du Soleil. Décors de Guy-Claude François, costumes de Daniel Ogier, photographie de Bernard Zitzermann, musique originale de René Clémencic.
Même si je ne pense pas revoir ce film. Pourtant beaucoup de scènes magnifiques avec des comédiennes et comédiens au top de la délicatesse.
Mais cette scène, qui m’a soulevée le cœur lorsque je l’ai vu avec ma classe de collège au cinéma de Pont-de-Chéruy. Cette scène de repas où Molière fait comprendre à Madeleine Béjart qu’il en pince pour sa fille… et le consentement muet de Madeleine…
Aujourd’hui je pense aussi à ce que racontait Flavie Flament qui a été offerte (on peut le dire comme ça) par sa mère au photographe David Hamilton qui la violera de nombreuses fois…
Oui, je sais, je casse encore l’ambiance !
Durée : 244 mn
FÉMINISME
Cet article voudrait avancer un autre élément de réponse. Si l’on ne cherche pas particulièrement à « séparer la femme de l’artiste », c’est peut-être parce que c’est impossible : en tant que « femme » une écrivaine écrit dans des conditions matérielles précises, qui déterminent en partie l’œuvre qu’elle produit ; en tant que « femme » en plus, il y a des chances qu’elle soit lue et reçue de manière particulière, d’une façon différente des œuvres produites par des hommes. Dans ce sens, les femmes qui créent sont toujours autant « artistes » que « femmes », et de manière inséparable (comme leurs collègues masculins sont aussi à peu près inséparablement « artistes » et « hommes »).
CONTRE CE MONDE DE BRUT.ES :
ET SINON, LE BOULOT ?
Festival d’Avignon ou pas, telle est la question….

Merci d’avoir pensé à prendre la photo !
Virginie D. est passée à travers les gouttes pour deux représentations :
- Le 7 mars à Bagnols sur Cèze
Merci à toute l’équipe de la ville et celle du collectif Femmes du Monde grâce à vous la salle était pleine comme un œuf ! Il faut dire aussi que le spectacle était bien annoncé avec d’immenses affiches et des articles de presse dont celui-ci, salut sororel à Cécile Bodarwé pour cette interview : Et quelques réactions après le spectacle :
Bravo pour votre prestation. Continuez à résister longtemps, longtemps.
Pierre et Xavier
Un grand merci pour ce très beau spectacle engagé et dynamique et militant.
Marie
Magnifique ; ça donne du peps, fantastique.
Gisèle
On continue encore et toujours ! Merci de participer à la lutte de cette très belle manière.
Ghislaine
Une énergie débordante pour faire passer les messages. Bravo l’artiste.
Marie – Jo
On se lève et …on lutte !
Michèle
Merci de faire vivre la culture avec autant de talent et d’émotion.
Ghislaine
Nous avons passé une excellente soirée ; quel dynamisme, quel entrain. Nous sommes les hommes : on a bien compris le message.
Jean-Georges
Dur, dur de se faire pourrir, et en plus, payer…
Je rigole : quel spectacle, le jeu, la mise en scène, le discours auquel on ne peut qu’adhérer ! Bravo
Paulo
C’est très beau, c’est très bien, c’est très bon mais la prise de conscience est toujours dure aussi ! Continuons quand même !
Dominique

- Le 8 mars au théâtre de la Porte Saint-Michel, une représentation plus intimiste (la jauge est de 49 et pas 250….) et aussi de très belles réactions :
Très belle énergie et votre humour vous sauve d’une situation ubuesque. Un grand merci !G
Pas encore si simple de résister au risque de passer pour une hystérique. Bravo de le dire, de témoigner encore et encore.
CM
Un spectacle très émouvant. J'ai découvert un nouvel aspect de la culture du viol et ça m'a bouleversé. Ça ne saurait résumer la pièce. A la fois intime et malheureusement encore universelle. Merci Corinne de votre courage, votre plume, votre humour et votre sincérité. Je vous souhaite une belle réussite à Avignon. Et que votre message soit largement diffusé et entendu. Le spectateur qui s'est levé
Arsène Richard
Bravo pour ce bel engagement, pour cette belle performance, osée pudique et respectueuse ...
bouleversant, émouvant ...
Merci ! Camille Eya
Allez-y ! Spectacle salutaire !
Osez le Féminisme 84
Voilà les ami.es pour cette lettre mensuelle.
D’ici le mois prochain, surtout, prenez soin de vous.
Vive notre lien !
Amour et tendresse. Et courage aussi.
Corinne
Faut pas chercher Coco bel œil, hé,hé,hé ! 😈😈
Quelle chance que ce mois de février compte son maximum : 29 jours… j’aurais été en retard dans mon planning, il faut dire que j’ai pris le temps pour sortir de mon hiver.
Quelle chance aussi pour mes parents qui vont pouvoir fêter leur anniversaire de mariage un mois plein : 55 ans ! Cela laisse rêveuse… et me ramène loin !
Enfant, j’aimais les jeux de garçons. Bien sûr j’avais une poupée, j’ai fait de la danse classique, mais ce que je voulais par-dessus tout, c’était jouer avec eux, et même me bagarrer avec eux !
Comme les garçons, je trouvais les filles un peu gnangnan ; et puis jouer à la maîtresse alors qu’on sortait de classe, non merci ! J’étais si bien intégrée parmi eux qu’il m’est arrivé de me battre et que je me suis retrouvée avec un œil au beurre noir… J’en ai gardé le surnom de « Coco bel œil » dans la famille. Le pire, c’est que j’ai été punie ! J’ai dû faire des tours dans la cour de récréation. Punie pour m’être battue avec un garçon, quelle honte ! Le garçon n’a pas été puni… Cette punition, cette honte était tellement présente, que je me suis racontée une autre histoire : c’est moi qui ai blessé le garçon. C’est grâce au surnom que j’ai pu remettre l’histoire dans le bon sens…
Si je vous raconte tout cela, ce n’est pas pour vous faire partager un traumatisme enfantin, puisqu’il ne s’agit pas de cela. Mais pour vous faire partager deux choses :
- La liberté que j’ai reçue de mon enfance. J’ai pu expérimenter l’extérieur, le mouvement, la vie… « comme un garçon » Merci donc à mes parents !
- Cette punition m’a été infligée parce que j’étais une fille qui avait battu un garçon.
Je vous imagine en très de fredonner « Comme un garçon » …pourtant je ne suis « qu’une » fille. Autre chanson, autre époque. Et puis il faut se méfier ces chansons faussement féministes...

Donc enfant, je n’ai jamais eu d’injonction parentale de rester à ma place de fille. C’est certainement mon caractère, ma curiosité qui me poussait à me frotter à eux : en colonie de vacances en montagne, je n’arrivais pas loin des deux premiers en mini-vélo orange, et sans vitesse !
Aujourd’hui, lorsque je me demande ce qui fait de moi une femme, je pense à ma force, mon courage, mon endurance. Quand je songe à ce qui m’a permis de grandir, de surmonter les obstacles c’est bien évidemment ces traits de caractères qui se présentent. Plutôt que « d’interroger mon féminin » (expression un peu gnangnan, non ?) je pense à moi comme à une personne. Ce qui est sexué est de l’ordre de l’intime. Je suis toujours la même. Cette fille avec son mon mini-vélo, le visage rouge comme une pivoine, qui grimpe les cols des pré-Alpes derrière des garçons sur des vélos de course à double plateau.
◊ ◊ ◊
PLAISIRS
Je cherche un peu ce mois… heureusement la lecture, sous la couette c’est de saison !
La couleur du bonheur – Wei-Wei - L’aube poche - Une relecture : la révolution chinoise du côté des femmes…
Je ne reverrai plus le monde – Ahmet Altan – Actes Sud – Textes de prison en Turquie. Juste magnifique.
Le fardeau des idoles – Tchinguiz Abdollaïev – L’aube – Un policier russe…impeccable
Nous sommes tous féministes – Chimamanda Ngozi Adiche – Folio – Surtout sa nouvelle sur le mari tout neuf : « les marieuses »
Et merci à mes prêteuses de livres préférées…
FÉMINISME
Vous avez vu ça, Le Larousse accusé de sexisme. En quatre exemples accablants :
Une maîtresse :
Un maître est celui qui commande ou qui est susceptible de faire école. La maîtresse, tout naturellement, est, selon le Larousse, une dame "avec laquelle un homme a des relations amoureuses et sexuelles en dehors du mariage".
Une guerrière :
Quand le "guerrier" est une "personne qui fait la guerre", la "guerrière" est une "jeune femme, qui revendique avec agressivité et violence sa place dans la société"...
Une boulangère :
Comment définissez-vous une boulangère, ou une bouchère ? Selon le Larousse, elle n’est pas la "personne qui fabrique ou vend du pain" ou "de la viande", mais "la femme d’un boulanger ou d’un boucher, qui travaille à la boutique".
Une présidente :
Qu’est-ce qu’une "présidente" ? Non, ce n’est pas "une personne qui préside une assemblée, une réunion, un tribunal", mais la "femme d’un président".
Larousse a précisé à BFMTV et au Parisien que les équipes travaillaient actuellement sur l’édition 2021 du dictionnaire sans réagir à la polémique.
Restons dans les livres, mais là c’est une bonne nouvelle puisque les éditions Des femmes - Antoinette Fouque, publient trois titres, en poche. En librairie ce 13 février, les ouvrages marquent une rupture graphique, affichant un code couleur très fort, pour ces essais féministes venue d'Amérique du Nord.
https://www.actualitte.com/article/monde-edition/les-classiques-du-feminisme-americain-maintenant-en-poche/99228
CLAIR :
Beaucoup d’artistes ont confondu, ou voulu confondre le jeu sexuel et l’agression. Le débat s’est positionné sur la question de la liberté d’importuner, et sur le prétendu puritanisme des féministes. Alors qu’une agression sexuelle est une agression, pas une pratique libertine. ADÈLE HAENEL
CONTRE CE MONDE DE BRUT.ES :
L’impression de chaleur et de délivrance qui m’envahit à ces pensées me confirma que j’avais découvert quelque chose de sensé. Je fermai les yeux et me vis courir au milieu du blé, tremblante comme une enfant de sept, huit ans. Cette sortie m’avait fait grandir, à condition de toujours garder à l’esprit que cette enfant, avec ses peurs inconsidérées, pouvait être ressuscitée en moi par un regard, un mur, une lumière, un visage. Et avec sa terreur mener à la ruine tous mes plans et ma santé de fille de dix-huit ans. Dans trois jours, non deux, je serais Princesse, même si cela comportait… Si du moins il pouvait en être comme l’avait dit Carmela !
Goliarda Sapienza
L’Art de la joie
Le Tripode
ET SINON, LE BOULOT ?
Un spectacle décapant pour la Journée internationale des femmes
COMMENT VIRGINIE D. A SAUVÉ MA VIE
La lecture du King Kong théorie de Virginie Despentes, il y a près de dix ans maintenant, m’a réellement sauvé la vie.
J’espère que l’écriture de ce texte (puis ses représentations puisque j’écris bien pour la scène) fera que des femmes entendent leur voix, qu’elles se rapprochent et osent prendre les chemins de leur liberté. J’écris aussi dans l’espoir de sauver de la violence les jeunes hommes, pour bouleverser les plus âgés quant à la vie qu’ils mènent parfois à leur compagne, à leurs sœurs, leurs amies, leurs filles.
Ce spectacle prend en compte l’engagement physique de la comédienne. On dit couramment qu’un texte prend corps. Avec ce texte, je prends au corps la violence faite aux femmes en y engageant pleinement le mien.
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2 RENDEZ-VOUS :
Chaque représentation sera suivie d’un échange avec le public
7 mars : Bagnols-sur-Cèze (30) à 21h
Dans le cadre du festival « Femmes du Monde »
Salle multiculturelle - Rue racine 30200 Bagnols sur Ceze
Billetterie
8 mars : Avignon (84) à 18h
Dans le cadre de La Journée internationale des femmes
Théâtre de la porte Saint-Michel 23 Rue Saint-Michel, 84000 Avignon
Billetterie
Au plaisir de vous y croiser, peut-être.
Olé !

La chance c’est quand la préparation rencontre l’opportunité… Je suis prête ! 😇😇😇
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Vous ne saurez jamais que votre âme voyage ET SINON, LE BOULOT ?
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Une année se termine mais le combat continue de plus belle !😈😈😈
La lettre du dernier jour du mois #12
DÉCEMBRE
Je ne sais pas si vous lirez cette lettre le dernier jour de 2019, ou en 2020, je ne sais pas si vous la lisez sur votre ordinateur au bureau, chez vous, sur votre smartphone, en buvant un thé, un verre de vin, en diagonale, en souriant… j’aime à vous imaginer.
Pour vous faire partager une de mes journées idéales (celle que j’ai passée à La Souterraine avec Virginie D. et d’autres) voici un montage d’images, de sons. Comme un journal animé, je crois que cela a un nom chez les personnes branchées, un « vlog ».
Le voici.
Vous pouvez ajouter des pouces en l’air, des commentaires et même vous abonner à ma chaîne : on n’arrête pas le progrès !
Sinon, comme vous j’imagine, j’ai adapté mon emploi du temps : le temps de transport pour me rendre à mon studio de yoga préféré étant trop long, j’ai tenté avec Adrienne de faire une séance de yoga par jour. Qu’est-ce que c’est pratique le yoga ! On peut vraiment faire ça n’importe où : il suffit d’un tapis. Je vous conseille ce « challenge » d’un mois. Je vous parle en connaissance de cause ; j’en suis aujourd’hui au 21ème jour et à part une petite chute sur le coude droit (j’ai inversé une torsion debout : c’était le 24 décembre et le vin était bon) tout se passe bien. Pas de souci pour les moins avancé.es, elle adapte les postures. Pas de souci non plus pour l’anglais : il suffit d’être bien aligné.es !
NAMASTÉ
PLAISIRS
FÉMINISME :
Ah, elle je l’aime, quelle plume et quelle tête surtout …
Si comme moi vous attendiez enfin l’article qui disait pour vous ce que vous pensiez de la « misère sexuelle » lisez cette chronique rafraîchissante de Maïa Mazaurette
« Comment parler de misère sexuelle, quand le soulagement sexuel est une ressource dont toutes les personnes valides disposent en quantité infinie ? »
CONTRE CE MONDE DE BRUT.ES :
« J’ai toujours aimé les femmes bizarres, les folles, les solitaires, les moches aux yeux des autres, les addictes. Les énervées, les passionnées, imprévisibles. J’ai toujours aimé les femmes au tempérament détestable, les obsessionnelles, les dépressives. Les cinglées. Créatives. Les beautés étranges. J’ai toujours aimé celles qui n’aimaient pas l’amour ou qui en avaient peur. Les déraisonnées, les « mal faites ». Les naïves. Les lectrices. Celles qui pensent parfois à la mort (parce qu’on ne peut aimer profondément la vie sans). Celles en qui quelque chose ne tourne pas rond. Les complexes, complexées, fissurées. Les oubliées, mises de côté. Troublées, esseulées, aux goûts enchevêtrés. Qui croient dur comme fer en leur « truc ». Les trop fragiles pour ce monde. Perdues. Multiples. Contradictoires. Les exilées sur terre. Assombries. Talentueuses. Chanceuses infortunées. Suicidées passives. Incomprises. Les « dans leur monde ». Fainéantes, frénétiques par intermittences. Mystiques. J’aime celles qui sont prises pour des ratées, folles à lier ou illuminées. Celles qu’auparavant on brûlait pour sorcellerie. Les à-côté de la plaque. Celles qui vont tout au bout de leurs mirages, jusqu’à les rendre vrais. Mystifiées. Confuses. Fidèles à elles-mêmes. À leur déraison.
Par amour du différent, de ce qui subsiste parfois de vitalité, de souffle naïf, tout au fond des êtres et qui n’est pas perdu. Cette despotique rébellion, cet intime tumulte. Ces êtres en qui la déshumanisation n’a pas pu terminer son travail morbide. En qui ça a cloché. Celles en qui quelque chose de l’enfance est resté qui ne veut pas mourir.
Les poétesses. Et ce mot n’est pas léger en moi.
J’aime pour toujours. Celles qui ne sont pas l’ordinaire. Qui ne sont pas la conformité. Je les trouve magnifiques. »
François Corvo - Les vivantes.
(ça fait du bien hein ?)
ET SINON, LE BOULOT ?
Mon travail, je ne pourrais le faire sans vous, mes partenaires de cœur, et aujourd’hui, dernier jour du mois et de l’année, je pense tout particulièrement à vous. MERCI :
Nelly Bacri, Serge Bodenheimer, Emmanuelle et Alain Bonnet, Arielle Castellan, Jean-Yves Doncieux, Alexandre Frémiot, Sabine Gaudissart, Anne Girardin, Consuela Gold, Christine Le Serbon, Morgane Lombard, Christine Marquaire, Marion Moussier, Laure Pourageaud, Valérie Schlee, Nathalie Sinavong, et les anonymes….
Bien sûr les dons sont toujours possibles, hé, hé, hé...
Voici un extrait des débats qui se sont tenus à La Souterraine, et j’avais envie de vous faire cadeau d’un bel exemple de mansplaining dont je vous parlais le mois dernier (concept popularisé par les féministes américaines dans les années 2010 qui désigne une situation où un homme expliquerait à une femme quelque chose qu'elle sait déjà, sur un ton généralement paternaliste ou condescendant.)
Julie, lycéenne, nous avait expliqué son agression alors qu’elle se rendait en cours pour la première fois.
Je prends la parole :
Il faudrait vraiment que les hommes, vous viviez dans notre peau, même une journée, pour voir si c’est une agression. Qu’on ait 15 ans et demi ou 55 ans (même si on a plus d’expérience) c’est une agression. Ce n’est pas juste du badinage. Si cela fait peur, c’est bien agressif, et donc c’est une agression. Les hommes ça ne vous arrivent jamais qu’une voiture s’arrête et qu’on vous dise « Tu es charmant toi »
Un homme (évidemment) me coupe la parole, et ce n’est pas la première fois en disant : « j’aimerais bien qu’on me le dise, moi que je suis charmant… »
Agnès Zeppa – Déléguée Droits des Femmes de la Creuse
Je vais réagir parce que je comprends ce que vous dites, je comprends que vous puissiez penser cela. Si c’était entre 2 adultes du même âge… (Nouvelle interruption de l’homme) je termine juste ma phrase, dans un bar, un homme dit à une femme « tu es charmante », elle lui dit « merci mais franchement, je ne suis pas intéressée, au revoir » : ça très bien. Par contre là on a affaire à une jeune femme (elle nous a dit qu’elle allait au lycée : elle est probablement mineure). Un homme s’arrête, il est probablement majeur, et commence à lui dire « tu es charmante ». Elle est seule dans la rue … (Nouvelle interruption de l’homme). Cela s’appelle du harcèlement et potentiellement, c’est interdit par la loi… (Nouvelle interruption de l’homme) Et après, hormis l’âge, c’est à chaque fois la situation d’être répétitif, vous (à l’homme qui interrompt) vous ne l’avez pas vécu, mais nous nous l’avons toute vécu. On passe en trois répliques à « t’es charmante » à « t’es qu’une salope », avec une transition rapide « quoi, tu veux pas ? ». En fait, on l’a vécu d’une façon répétitive, et je peux vous dire que l’on repère immédiatement la différence. Aujourd’hui c’est la grande question, on dit : on peut plus draguer une femme. Mais bien sûr que oui les hommes peuvent draguer, les femmes aussi peuvent draguer les hommes, cela peut aller dans les deux sens, pas de souci.
Quand on est sur un pied d’égalité, quand on est en sécurité, quand il n’y a pas d’ascendant sur l’autre en raison de sa position sociale, de son âge (il y a beaucoup de critères qui rentrent en ligne de compte, à chaque fois, dans chaque situation ! ) Effectivement la drague peut exister, mais je vous garantis que quand on est une femme, et qu’on l’a vécu, on voit immédiatement la différence entre drague et harcèlement.
Remarque : la dame à côté du monsieur qui interrompait tout le temps se faisait toute petite.
Encore des remarques : c’est ce même homme qui a pris la parole (sans micro, tellement il était pressé de parler au tout début de la discussion et à deux reprises : tout d’abord pour me suggérer de rajouter des citations de femmes dans mon spectacle – dommage, cela n’a pas été enregistré, non, je blague- et ensuite pour me dire que franchement, il ne comprenait pas pourquoi je ne parlais pas de la surcharge mentale des femmes…. C’était au début de l’échange, je venais juste de jouer le spectacle et j’avoue que les bras m’en sont tombés et je lui aurai bien dit « Ta gueule » comme dans le spectacle. Bref…
Je vous souhaite une magnifique fin d’année et je vous dis en 2020 pour de nouvelles aventures !