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CORINNE MERLE

Nous ne sommes pas rendues … ou la sale impression d’être cernées

31 Juillet 2020 , Rédigé par corinnemerle.over-blog.com Publié dans #Lettre du dernier jour du mois, #Corinne Merle

J’avais pourtant le projet de rester au calme,
en chômage technique, tranquille, mémère.
Me reposer, recharger les batteries, faire le vide pour faire le plein.
Je me suis tenue éloignée des débats, bien sagement rangée dans le Sud.
Tout allait bien, je me gavais de tomates et d’olives,
allongeais progressivement le temps des baignades, profitais de la famille.

 

MAIS :
 
1 /« Mélancolie ouvrière » de Gérard Mordillat ressort.

Lucie Baud, je l’avais découverte en lisant « Mélancolie ouvrière » de Michelle Perrot. Je vous conseille ardemment de lire cet essai. L’historienne sort Lucie Baud de l’ombre avec brio, sans romantisme, et nous dresse le portrait d’une femme forte, révoltée, courageuse : une héroïne gommée de l’histoire.

L’adaptation en téléfilm par Gérard Mordillat prend un autre chemin…
J’avais tellement envie de l’aimer ce téléfilm lorsque je l’ai vu à sa sortie !
Mais les images de Gérard Mordillat sont dégoulinantes : je me souviens notamment de la scène où les ouvrières se baignent. J’ai pensé à des images de David Hamilton, vous dire combien le décalage est grand.
Et puis elle, la comédienne tellement loin de Lucie Baud...

Très très énervant !

J’entends une petite voix qui dit : "déjà qu’on fait le portrait d’une femme inconnue et ouvrière et féministe, tu devrais être contente..."
Ben non ! Le regard de Gérard Mordillat a tué MA Lucie Baud.
Rien à voir avoir le désenchantement habituel des adaptations de livres à l’écran. C’est bien pire, c’est encore une violence, il fait de cette combattante (et des autres ouvrières) des objets de désir.

 
 
2/ L’Ifop dévoile que 20% des Français « légitiment » une agression si les tétons de la femme victime se devinent sous son vêtement.

Je répète, pour 20 % des Français :  «le fait qu’une femme laisse apparaître ses tétons sous un haut devrait être, pour son agresseur, une circonstance atténuante en cas d’agression sexuelle».
La « culture du viol » dans notre société est profonde, ancrée.
Le regard de l’homme viole, le regard de l’homme tue.
(Et toujours cette petite voix qui me chuchote  : "Ne pourrait-on pas écrire plutôt « le regard de l’homme peut violer, le regard de l’homme peut tuer » ? Parce que dire « Le regard de l’homme viole » est général. Ça sous-entend que le regard de tous les hommes viole… "
Ce à quoi je réponds à ma petite voix adorée : 98% des violeurs sont des hommes...)

 

3/ Ce post :

 

J’ai pris ces quelques lignes en plein visage : « la violence de ces lesbiennes qui détestent les hommes ».

C’est une habitude pour les féministes de recevoir des insultes, et notre cuir se durcit année après année.
Mais quand même cette haine des femmes encore et toujours, me désespère, me blesse, me révolte.
Ces hommes qui portent leur masculinité comme une arme, ces regards d’hommes qui nous méprisent, nous humilient parce que nous n’en sommes pas ou parce qu’ils ne nous intéressent pas….


ÇA SUFFIT !
 
 
A la fin du mois de juillet, deux décès :

 Gisèle Halimi, reconnaissance éternelle à cette femme, à sa vie de féministe :
- "Une loi n'est tolérable que si elle est tolérante."
- '' Et je dis aux Femmes trois choses, votre indépendance économique est la clé de votre libération, ne laissez rien passer dans les gestes, le langage, les situations qui attentent à votre dignité, ne vous résignez jamais. ''
- "Tout ce qui fait avancer les femmes, fait avancer la société."
- "Pour briser la clôture où l'enferme l'homme, la femme doit aussi dénoncer l'image d'elle même qu'il lui renvoie. ''
 

◊  ◊  ◊
 

Jacqueline Sauvage, condamnée en 2015 pour le meurtre de son mari violent avant d'être graciée, est morte à 72 ans.

Ces deux femmes étaient présentes dans Réparations en cours
Fanny Atlan (co-autrice) ouvrait magistralement le spectacle avec la plaidoirie de Gisèle Halimi au procès de Bobigny 1972 à Bobigny. Quant à moi, je donnais le réquisitoire de Luc Frémiot du 23 mars 2012 à la cour d’assises du Nord pour juger Alexandra Lange, 32 ans, qui comparaissait pour le meurtre de son mari, Marcelino.

 

◊  ◊  ◊

 
FÉMINISME
 

La réponse droite et sûre d’Alexandria Ocasio-Cortez à un élu républicain qui l’avait traitée de pute, oui de pute, avant de s’excuser. Enfin pas vraiment puisqu’il se défend en disant qu’il a une femme et deux filles ? Vous voyez le rapport. Non ? Alexandria Ocasio-Cortez non plus

Une réponse qui me redonne le courage et que je me repasse en boucle….

 
 
PLAISIRS 
 
« Faites l'aïoli, pas la guerre »

 
 

CONTRE CE MONDE DE BRUT.ES :

 
Longtemps, j'ai pensé que le rôle de l'artiste était de secouer le public. Aujourd'hui, je veux lui offrir sur scène ce que le monde, devenu trop dur, ne lui donne plus : des moments d'amour pur.

Pina Bausch
 
 
           Pina Bausch au café Müller par Guy Delahaye



ET SINON, LE BOULOT ?
 
Je me suis remise à écrire pour qui, pour quoi, on verra bien plus tard…



Bises salées (et masquées)

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