Une année se termine mais le combat continue de plus belle !😈😈😈
La lettre du dernier jour du mois #12
DÉCEMBRE
Je ne sais pas si vous lirez cette lettre le dernier jour de 2019, ou en 2020, je ne sais pas si vous la lisez sur votre ordinateur au bureau, chez vous, sur votre smartphone, en buvant un thé, un verre de vin, en diagonale, en souriant… j’aime à vous imaginer.
Pour vous faire partager une de mes journées idéales (celle que j’ai passée à La Souterraine avec Virginie D. et d’autres) voici un montage d’images, de sons. Comme un journal animé, je crois que cela a un nom chez les personnes branchées, un « vlog ».
Le voici.
Vous pouvez ajouter des pouces en l’air, des commentaires et même vous abonner à ma chaîne : on n’arrête pas le progrès !
Sinon, comme vous j’imagine, j’ai adapté mon emploi du temps : le temps de transport pour me rendre à mon studio de yoga préféré étant trop long, j’ai tenté avec Adrienne de faire une séance de yoga par jour. Qu’est-ce que c’est pratique le yoga ! On peut vraiment faire ça n’importe où : il suffit d’un tapis. Je vous conseille ce « challenge » d’un mois. Je vous parle en connaissance de cause ; j’en suis aujourd’hui au 21ème jour et à part une petite chute sur le coude droit (j’ai inversé une torsion debout : c’était le 24 décembre et le vin était bon) tout se passe bien. Pas de souci pour les moins avancé.es, elle adapte les postures. Pas de souci non plus pour l’anglais : il suffit d’être bien aligné.es !
NAMASTÉ
PLAISIRS
FÉMINISME :
Ah, elle je l’aime, quelle plume et quelle tête surtout …
Si comme moi vous attendiez enfin l’article qui disait pour vous ce que vous pensiez de la « misère sexuelle » lisez cette chronique rafraîchissante de Maïa Mazaurette
« Comment parler de misère sexuelle, quand le soulagement sexuel est une ressource dont toutes les personnes valides disposent en quantité infinie ? »
CONTRE CE MONDE DE BRUT.ES :
« J’ai toujours aimé les femmes bizarres, les folles, les solitaires, les moches aux yeux des autres, les addictes. Les énervées, les passionnées, imprévisibles. J’ai toujours aimé les femmes au tempérament détestable, les obsessionnelles, les dépressives. Les cinglées. Créatives. Les beautés étranges. J’ai toujours aimé celles qui n’aimaient pas l’amour ou qui en avaient peur. Les déraisonnées, les « mal faites ». Les naïves. Les lectrices. Celles qui pensent parfois à la mort (parce qu’on ne peut aimer profondément la vie sans). Celles en qui quelque chose ne tourne pas rond. Les complexes, complexées, fissurées. Les oubliées, mises de côté. Troublées, esseulées, aux goûts enchevêtrés. Qui croient dur comme fer en leur « truc ». Les trop fragiles pour ce monde. Perdues. Multiples. Contradictoires. Les exilées sur terre. Assombries. Talentueuses. Chanceuses infortunées. Suicidées passives. Incomprises. Les « dans leur monde ». Fainéantes, frénétiques par intermittences. Mystiques. J’aime celles qui sont prises pour des ratées, folles à lier ou illuminées. Celles qu’auparavant on brûlait pour sorcellerie. Les à-côté de la plaque. Celles qui vont tout au bout de leurs mirages, jusqu’à les rendre vrais. Mystifiées. Confuses. Fidèles à elles-mêmes. À leur déraison.
Par amour du différent, de ce qui subsiste parfois de vitalité, de souffle naïf, tout au fond des êtres et qui n’est pas perdu. Cette despotique rébellion, cet intime tumulte. Ces êtres en qui la déshumanisation n’a pas pu terminer son travail morbide. En qui ça a cloché. Celles en qui quelque chose de l’enfance est resté qui ne veut pas mourir.
Les poétesses. Et ce mot n’est pas léger en moi.
J’aime pour toujours. Celles qui ne sont pas l’ordinaire. Qui ne sont pas la conformité. Je les trouve magnifiques. »
François Corvo - Les vivantes.
(ça fait du bien hein ?)
ET SINON, LE BOULOT ?
Mon travail, je ne pourrais le faire sans vous, mes partenaires de cœur, et aujourd’hui, dernier jour du mois et de l’année, je pense tout particulièrement à vous. MERCI :
Nelly Bacri, Serge Bodenheimer, Emmanuelle et Alain Bonnet, Arielle Castellan, Jean-Yves Doncieux, Alexandre Frémiot, Sabine Gaudissart, Anne Girardin, Consuela Gold, Christine Le Serbon, Morgane Lombard, Christine Marquaire, Marion Moussier, Laure Pourageaud, Valérie Schlee, Nathalie Sinavong, et les anonymes….
Bien sûr les dons sont toujours possibles, hé, hé, hé...
Voici un extrait des débats qui se sont tenus à La Souterraine, et j’avais envie de vous faire cadeau d’un bel exemple de mansplaining dont je vous parlais le mois dernier (concept popularisé par les féministes américaines dans les années 2010 qui désigne une situation où un homme expliquerait à une femme quelque chose qu'elle sait déjà, sur un ton généralement paternaliste ou condescendant.)
Julie, lycéenne, nous avait expliqué son agression alors qu’elle se rendait en cours pour la première fois.
Je prends la parole :
Il faudrait vraiment que les hommes, vous viviez dans notre peau, même une journée, pour voir si c’est une agression. Qu’on ait 15 ans et demi ou 55 ans (même si on a plus d’expérience) c’est une agression. Ce n’est pas juste du badinage. Si cela fait peur, c’est bien agressif, et donc c’est une agression. Les hommes ça ne vous arrivent jamais qu’une voiture s’arrête et qu’on vous dise « Tu es charmant toi »
Un homme (évidemment) me coupe la parole, et ce n’est pas la première fois en disant : « j’aimerais bien qu’on me le dise, moi que je suis charmant… »
Agnès Zeppa – Déléguée Droits des Femmes de la Creuse
Je vais réagir parce que je comprends ce que vous dites, je comprends que vous puissiez penser cela. Si c’était entre 2 adultes du même âge… (Nouvelle interruption de l’homme) je termine juste ma phrase, dans un bar, un homme dit à une femme « tu es charmante », elle lui dit « merci mais franchement, je ne suis pas intéressée, au revoir » : ça très bien. Par contre là on a affaire à une jeune femme (elle nous a dit qu’elle allait au lycée : elle est probablement mineure). Un homme s’arrête, il est probablement majeur, et commence à lui dire « tu es charmante ». Elle est seule dans la rue … (Nouvelle interruption de l’homme). Cela s’appelle du harcèlement et potentiellement, c’est interdit par la loi… (Nouvelle interruption de l’homme) Et après, hormis l’âge, c’est à chaque fois la situation d’être répétitif, vous (à l’homme qui interrompt) vous ne l’avez pas vécu, mais nous nous l’avons toute vécu. On passe en trois répliques à « t’es charmante » à « t’es qu’une salope », avec une transition rapide « quoi, tu veux pas ? ». En fait, on l’a vécu d’une façon répétitive, et je peux vous dire que l’on repère immédiatement la différence. Aujourd’hui c’est la grande question, on dit : on peut plus draguer une femme. Mais bien sûr que oui les hommes peuvent draguer, les femmes aussi peuvent draguer les hommes, cela peut aller dans les deux sens, pas de souci.
Quand on est sur un pied d’égalité, quand on est en sécurité, quand il n’y a pas d’ascendant sur l’autre en raison de sa position sociale, de son âge (il y a beaucoup de critères qui rentrent en ligne de compte, à chaque fois, dans chaque situation ! ) Effectivement la drague peut exister, mais je vous garantis que quand on est une femme, et qu’on l’a vécu, on voit immédiatement la différence entre drague et harcèlement.
Remarque : la dame à côté du monsieur qui interrompait tout le temps se faisait toute petite.
Encore des remarques : c’est ce même homme qui a pris la parole (sans micro, tellement il était pressé de parler au tout début de la discussion et à deux reprises : tout d’abord pour me suggérer de rajouter des citations de femmes dans mon spectacle – dommage, cela n’a pas été enregistré, non, je blague- et ensuite pour me dire que franchement, il ne comprenait pas pourquoi je ne parlais pas de la surcharge mentale des femmes…. C’était au début de l’échange, je venais juste de jouer le spectacle et j’avoue que les bras m’en sont tombés et je lui aurai bien dit « Ta gueule » comme dans le spectacle. Bref…
Je vous souhaite une magnifique fin d’année et je vous dis en 2020 pour de nouvelles aventures !